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“Jacques ou la soumission” de Ionesco – Comédie Saint-Michel

Agathe Louis 9 avril 2017
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Jacques a un destin : être un bon fils. Ça ne se refuse pas ! Alors, à l’heure du mariage, un seul but : remettre la brebis égarée sur de bons rails…

“Le comique n’est bon que s’il est gros ; j’espère qu’il l’est. Et le comique n’est comique que s’il est un peu effrayant. Le mien l’est-il ?” Eugène Ionesco

Eugène Ionesco s’empare du théâtre de boulevard pour nous proposer une farce qui en démonte tous les mécanismes : l’intrigue est reléguée au rang des accessoires et la langue prend le pouvoir. Parce qu’il y a cette implacable nécessité de dire pour faire illusion, chacun est entraîné au delà de toute mesure. De cette liberté nouvelle naît une réjouissance irrésistible.

Dans ces univers peuplés d’anti-héros, profondément inadaptés à un monde préfabriqué, le mouvement de l’écriture offre un tout autre voyage. L’irruption du langage crée la possibilité d’un rapport réjouissant avec ce qui est là, sans besoin de cautionner quoi que ce soit. C’est cette expérience salutaire que nous souhaitons
partager, cet irrésistible mouvement ludique comme antidote aux formatages du quotidien.

La pièce

Jacques ou la soumission est une des premières œuvres de Ionesco, au début des années 1950, et sera créée au théâtre de la Hûchette en 1955. Elle met en scène les prémices d’un improbable mariage. Jacques, fils de Jacques Père et Jacques Mère, est condamné à rester au foyer familial jusqu’à l’heure où il sera jugé “bon à marier”. Ce moment de vérité arrivé, Jacques est sommé de ne pas résister à son destin et faire honneur à sa lignée. Ce consentement attendu devient l’opportunité d’éprouver sa singularité face à l’inconnue de sa future épouse et de trouver un sens à cette histoire qui reste à écrire.

Jacques ou la soumission interroge frontalement la question de l’ordre familial établi. Au moment du passage au stade adulte, quel tribut est à payer pour faire sa place ? Quel sens à refuser le cadre proposé ? Eugène Ionesco y répond en mettant au premier plan le caractère dérisoire du jeu de rôle familial, entre désir refoulé et impossibilité d’entrer en relation. Cautionner le système jusqu’à l’absurde, quitte à apporter ses propres enfants en offrande.

Et c’est par l’écriture que l’absurdité des situations nous saute au visage. L’ordre même de la grammaire entre en décomposition. Les mots échappent à leurs auteurs, ruent dans les brancards. Ils enfantent d’autres mots, s’autorisent toutes les audaces, les créations. Il y a dans cette liberté l’expression de la nécessité d’une résistance qui résonne fortement, en 1950 comme aujourd’hui.

[Source : communiqué de presse]

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